La santé d’abord (3/5)

3e épisode de cette série sur la santé avant de partir en voyage et ma visite à l’Institut Pasteur. Vous trouverez le premier épisode de cette série ici.

Après avoir parlé turista et vaccins, nous avons évidemment abordé la question du paludisme

Question existentielle

Tous les voyageurs au long court se posent la question lorsqu’ils traversent un pays où le paludisme sévit : prendre oui ou non un traitement. Le docteur de l’Institut Pasteur était définitivement pro traitement mais il a pris le temps d’écouter mes questionnements voire mes objections ce que j’ai particulièrement apprécié. Pour que ce ne soit pas trop ennuyeux à lire je vous propose de résumer la conversation en 3 parties, mes arguments contre la prise du traitement, les infos du doc et ses arguments pour le traitement.

Pourquoi ne pas prendre de traitement contre le Palu

– D’abord je ne voulais pas prendre un traitement aussi longtemps. Pour moi c’était un antibiotique (Faux pour la malarone) Et les antibiotiques c’est le mal.

– Ensuite je voulais éviter les effets secondaires : dépression, détraquage du bide.

– Je me disais qu’en me protégeant bien grâce au spray + moustiquaire + vêtement imbibés. Je pourrais éviter le pire.

– Et que c’était plus simple d’avoir un traitement d’urgence avec moi au cas où.

– C’est cher. Sauf peut être la doxycycline qu’utilisent les militaires français en Afrique mais qui est photosensibilisante.

– Et enfin argument de merde De toute façon personne ne prend le traitement. Notamment chez les expats…

Comme je m’étais renseignée sur la question, j’étais assez sûre de mon choix de ne pas prendre le traitement. Mais heureusement que je suis allée consulter car le docteur m’a donné pas mal d’infos complémentaire qui m’ont fait reconsidérer mon choix.

Les infos du doc

D’abord il m’a dit :

《- Vous êtes toute seule donc j’élimine le Laryam (moins cher je crois) car il peut avoir des effets dépressifs fort et toute seule vous ne vous rendrez pas forcément compte que c’est le médicament qui agit.

Bon en gros on évite que je rentre à la maison parce que je me sens incapable de continuer voire que me suicide toute seule dans mon coin… J’approuve 😊

Ensuite, je suis trop blanche :

– Pas de doxycycline, c’est photosensibilisant, avec votre peau, en Afrique… On oublie》

Bon ça c’est fait. Il m’a rappelé au passage indice 50 obligatoire pour moi. Ensuite il m’a expliqué qu’il restait donc la malarone ou générique.

Les arguments pour

– Non ce n’est pas un antibiotique. L’atovaquone et le chlorhydrate de proguanil contenu dans la malarone sont des inhibiteurs. L’atovaquone est un inhibiteur spécifique de la chaîne de transport des électrons des mitochondries eucaryotes chez certains parasites protozoaires comme le plasmodium. Le chlorhydrate de proguanil a un effet inhibiteur sur la dihydrofolate réductase, ce qui a pour effet expérimental d’empêcher l’accomplissement du cycle du plasmodium.

– Oui il peut y avoir des effets secondaires : troubles digestifs, migraines (en particulier pour moi qui en ai déjà avec la pillule que j’arrête notamment pour ça) MAIS il faut essayer pour savoir et puis je prends bien la pillule depuis des années. Elle aussi a des effets secondaires.

Bon j’ai répondu que c’était bien pour ça que je l’arrêtais mais son argument a fait mouche sur moi. Ensuite concernant le temps de la prise…

– Lui ne voit rien contre prescrire la malarone pendant un an. Contrairement à ce que j’ai lu partout.

– le risque de chopper le palu avec protection physique : spray le soir, vêtements longs, moustiquaire est de 3-4% par mois. Sur 12 mois d’affilés ça augmente (c’est mathématique ce sont des probas) A priori 30% de risque sur un an selon ce que j’ai lu. Avec le traitement c’est 0% par mois. Mais ça doit être plus par an (il doit y avoir des chiffres loin derrière la virgule). Le traitement n’est jamais efficace à 100% non plus.

– Le palu peut tuer en trois jours. Je suis toute seule. Comme tout le monde je vais rechigner à aller voir le docteur…

Bon ça c’est faux j’irais consulter. J’ai déjà entendu l’histoire horrible d’un gars mort en Inde. Le palu a commencé jour 1 mais le soir il a fait la fête, revenu tard, il ne s’est réveillé que l’aprés-midi jour 2. Il était déjà hyper faible, n’a pas pu ou n’a pas eu le courage d’appeler à l’aide. Ou alors il n’y avait personne pour l’entendre… le jour 3, il est mort. Ou alors on l’a trouvé dans sa chambre d’hôtel mais même en l’amenant à l’hôpital, c’était trop tard… sympa hein…

Arguments suivants :

– C’est pas si cher… une trentaine d’euros par mois (gloups)

– Enfin, en Afrique 95% des crises entrent dans la catégorie forte crise dont on peut mourir (à différencier des crises moins fortes mais pour lesquelles le plasmodium, le parasite, se planque dans des recoins et provoque des rechutes).

Pour cette forme particulière, 50% en Asie, il est possible lors du retour en France, de suivre un traitement particulier pour éliminer complètement le parasite.

Attention avoir une forte crise ne signifie pas qu’ensuite vous n’en aurez plus jamais. Le plasmodium est éliminé par le traitement mais il suffit d’être piqué à nouveau par un moustique infecté pour héberger un nouvel envahisseur…

L’Institut Pasteur a rédigé une fiche qui explique très bien tout ça. C’est .

Une autre information importante donnée par le docteur est le risque d’infection de chaque pays. En gros pour moi :

Egypte : très faible

Soudan : faible au-dessus de Khartoum. En suite le risque est présent

Ethiopie : pas de risque sur les hauteurs mais risque existant en vallée.

Du Kenya, Tanzanie et Malawi : risqie important en particulier dans les parcs.

Botswana / Namibie : Je ne me souviens pas mais je crois ça rentre dans la même catégorie que l’Afrique du sud. Ce sera l’hiver ou presque quand j’y serais. C’est donc moins risqué.

Puis du Bénin au Sénégal : Risque maximal.

Ensuite pour l’Amérique du Sud, ils ne donnent plus de traitement apparemment ou alors rarement.

Je n’ai pas encore pris de décision définitive mais avec le médecin on a convenu qu’un compromis pourrait consister à prendre le traitement à partir de Khartoum au Malawi, voire Namibie /Botswana. Pause en Afrique du Sud, si j’y reste au moins 7 jours (c’est la duŕée pendant laquelle il faut continuer le traitement après le voyage) ou avant. Puis reprise toute la durée du voyage en Afrique de l’Ouest.

Je vous tiendrais au courant de mes choix. En tout cas une chose est sûre, ce serait vraiment bête de chopper un palu récidivant au tout début de mon tour du monde.

A suivre…

Fin de ce 3e épisode. Le prochain parlera du Sida.

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Has one comment to “La santé d’abord (3/5)”

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  1. Séjournet Carole says: 13 juin 2018 at 20 h 17 min

    Ah ben voilà une description hyper détaillée et complètement flippante!!!! D’autant que j’ai une collègue partie trois semaines en chantier humanitaire en Afrique ( au Sénégal je crois) et qui est revenue avec le palu récidivant… Génial !!! Elle est même pas morte!!!
    Bon si mon avis à une quelconque importance je dirais :  » Prend le traitement dès aujourd’hui et tout le temps du Voyage!!!! »

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